Confinement

Salut, moi c’est Ignatus. J’espère que vous allez bien et qu’en cette période de confinement, vous vous faites pas trop chier. De mon côté, ça va plutôt bien parce que j’ai trouvé récemment à qui parler. Du coup, je m’ennuie moins. Les premiers jours ont été durs parce que maman avec qui j’habitais est morte au début de l’épidémie. Elle a commencé à tousser puis elle a eu du mal à respirer. Ils l’ont hospitalisée et ils ont même pas eu le temps de la brancher qu’la vieille, elle a cané.

J’ai été un peu triste mais ils m’ont dit qu’il était préférable que je n’assiste pas à l’enterrement. Du coup, j’ai pas insisté. En plus, y avait des trucs bien à la télé.

Les premiers jours, c’était le pied. Je pouvais foutre une tonne de mayo sur mes frites micro-ondables sans que la vieille, elle me cause de mon hypertension ou de mon cholestérol. Pornhub était gratos alors j’en profitais. Je pouvais me branler en paix sans me soucier que la vieille, elle se pointe dans mon dos. Avant, je devais attendre qu’elle dorme et j’étais jamais tranquille. Elle pouvait arriver d’un moment à l’autre si bien que je faisais le guet et ça me faisait grave débander. Fallait que je reprenne à zéro et c’était pénible parce qu’à mon âge, mon machin, il se lève plus aussi bien. Maintenant, je peux même foutre du porno dans le salon. Avec mon téléphone, je peux envoyer l’image sur mon écran de télévision. Ça s’appelle caster. C’est mon neveu Brandon qui m’a montré. C’est un geek comme ils disent les jeunes, il s’y connait vachement en informatique. Toutes ces poupées sur grand écran, c’était le panard. Puis leurs minous épilés m’ont vite gonflé. J’avais besoin de plus d’authenticité alors j’ai ressorti mon vieux magnétoscope et mes VHS. Quel plaisir de revoir de bonnes vieilles chattes bien poilues et pas des sexes de petite fille. Putain de génération de pédophiles ! Puis, les acteurs des années 80 avec leur gros bide et leur moustache, ils me ressemblent plus que les minets bodybuildés, tatoués et imberbes qu’on voit dans les productions actuelles. Je suis sûr qu’en vrai c’est des pédés et que seul le pognon les fait bander.

Tout ça, c’était le pied, les gars, mais voilà, une de ces putains de VHS s’est coincée dans le lecteur et plus moyen de la ressortir. Du coup, j’ai un peu ralenti la branlette et je suis passé sur Netflix, mais bon, c’est des séries pour jeunots. J’y pige que dalle et ça vaut pas Walker Texas Ranger ou Rick Hunter. Même Mac Gyver avec cet écolo de Richard Dean Anderson, c’était mieux. Pourtant à l’époque, c’était déjà un truc de tafioles. C’est pour dire.

Voilà, au bout de quelques jours, j’ai fini par me faire chier. Mais ça n’a pas duré parce qu’Aiwass est venu me parler. Au début, j’le voyais pas. J’entendais juste sa voix. C’était comme s’il parlait dans ma tête. Il me disait des trucs comme :

« Tu devrais pas manger cette saloperie, elle te bousille la santé » ou « Éteins cette télé, elle te flingue le cerveau ».

C’était un peu comme une pensée, mais j’avais l’impression qu’elles ne venaient pas de moi. Puis, j’ai commencé à l’entendre différemment, comme si ses paroles passaient par mes oreilles. Là, il causait plus pareil. Il faisait des phrases compliquées, très pompeuses un peu comme s’il débarquait d’une autre époque.

Aiwass, il arrêtait pas de me faire la morale, pire que la vieille. Puis il voulait jamais la même chose. J’y pigeais que dalle. Parfois, il m’interdisait de manger quoi que ce soit pendant plusieurs jours, tout juste si j’avais le droit de boire de l’eau. Quand je voulais me branler, j’avais l’impression qu’y m’observait et du coup, j’arrivais pas à bander, alors je laissais tomber. Il m’empêchait souvent de dormir, parfois il m’obligeait à rester assis face à un mur et à observer une tâche. Je ne devais pas la lâcher du regard. Sous aucun prétexte. Au bout de quelques minutes, mes yeux me brulaient, mais j’avais pas le droit de les fermer, pas même de cligner et mes yeux, mes putains d’yeux, ils se mettaient à chialer. Puis, sur le mur, il se formait des trucs, des trucs étranges. Parfois, je voyais des Égyptiens comme y en avait dans mes bouquins d’histoire quand j’étais mioche et d’autres peuples qu’avaient l’air encore plus anciens. Ils faisaient des trucs incompréhensibles pour honorer leurs dieux, des trucs sexuels et aussi des sacrifices humains. Après, je m’écroulais et je dormais pendant des heures, parfois des jours. Aiwass, il me faisait donc mener une espèce de vie de moine mystique et puis d’un coup quand ça lui prenait, il me demandait d’aller chercher des bouteilles dans le bar et je devais boire tout ce qu’il me disait. Il m’envoyait aussi farfouiller dans l’armoire à pharmacie et là, c’est comme s’il guidait ma main. Je commençais à prendre une boite de comprimés et ça bourdonnait dans ma tête, un peu comme dans ce jeu auquel on jouait quand on était gamin. Docteur Maboul que ça s’appelait. Il fallait opérer un pauvre bougre. Ce naze avec son nez rouge avait une bonne gueule de poivrot. Quand on touchait les bords de la plaie, le tarin s’allumait et une sonnerie retentissait. Un truc vachement désagréable se produisait, genre comme quand tu te ramasses un coup de jus. Ben là, c’était pareil. Quand j’approchais la main de certains médicaments, j’éprouvais une sensation similaire et au contraire lorsque je m’orientais vers d’autres, je sentais que c’était ce qu’il fallait que je fasse. Ainsi, je chopais les boites qu’Aiwass me désignait et quand je l’entendais plus causer, je comprenais que ça y est, j’avais tout ce qu’y m’fallait. Alors, je retournais au salon et sans réfléchir, je faisais tout ce que me dictait Aiwass. Comme écraser les comprimés jaunes et les fumer à l’aide de ma pipe en regardant le soleil se lever. À midi, manger de la viande crue dont j’avais oublié la provenance en contemplant le portrait de l’archange St Michel en train mettre une branlée au dragon. En début de soirée, je me plaçais face à l’aquarium et je picolais de la bière, du champagne, du gin, bref tout ce qui me passait sous la main… et comme Aiwass, y m’interdisait de bouger, je me pissais dessus. Je finissais avec les fringues complètement trempées, à greloter toute la soirée. Puis plus tard, au milieu de la nuit, je me tournais face à la tête de bouc empaillé. Le trophée d’un animal que mon salopard de père avait tué et dont il était si fier. Çui-là, j’ai jamais compris pourquoi ma mère l’avait gardé vu comment mon enfoiré de patrenel l’a dérouillait. Sont vraiment connes et pitoyables ces bonnes femmes. En tout cas, l’a pas volé son cancer du foie l’daron. Donc, moi face à la tronche du bouc, je me gobais des dizaines de cachetons, ceux qu’Aiwas m’indiquait. Puis, je me prosternais, j’embrassais le sol et ça me faisait bander comme un taureau. Putain, je vous raconte pas comment ma bite était dure, plus dure que quand j’avais la vingtaine. J’étais comme un animal en rut, prêt à baiser tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas. Je foutais des coups de bassin contre le sol à m’en foutre la bite en sang. Parfois, je la fourrais même dans les pots de fleurs de ma mère et je me sentais jouir dans le terreau comme dans un bon vieux trou du cul bien étroit qu’est pas lubrifié. Oh putain, ce que c’était bon. C’était tellement bon que parfois, j’en chialais. Ce connard de chat me regardait et il se planquait. L’avait sûrement peur d’être le prochain, mais sans doute qu’Aiwass avait pour lui d’autres projets. Puis je me remettais face à la fenêtre et quand le soleil se levait, je recommençais. Je me réveillais au milieu des bouteilles vides, des opercules de médicaments souillés d’excréments, de foutre et de vomissures puis je dansais en tournant sur moi-même, je célébrais la vie pensant à tous ces connards qui s’emmerdaient chez eux. Moi, je ne m’ennuyais plus.

Un soir, le chat et moi, on s’est regardé puis… plus rien. Le trou noir. Quand je me suis réveillé. Le chat était plus là et y avait un baquet rempli de sang à mes pieds. Face à moi se dressait le grand miroir hérité de ma grand-mère. Psyché, je crois qu’ils appellent ça. Je ne sais pas quelle heure il était, mais il faisait foutrement noir. Les volets étaient fermés et le moindre interstice susceptible de laisser passer la lumière obstruée par des couvertures. Tout était repeint en noir. Les murs, les meubles, la télé et même ce foutu aquarium. Je vous dis pas comment, ils devaient paniquer ces connards de poiscailles. À la puanteur de la merde, du vomi et de la pisse venait s’ajouter l’odeur chimique de la peinture. Ça me faisait méchamment tourner la tête, mais Aiwass, y disait que c’était bon pour ce que j’avais à faire. Je suppose qu’il parlait du fait de balancer régulièrement du sang sur le miroir en gueulant des formules bizarres. Devant le miroir, il y avait un truc qui cramait dans un chaudron. Ça sentait un peu comme les plumes d’un poulet qu’on passe à la flamme, sauf que c’était différent. Peut-être parce que c’était des poils et pas des plumes et un peu autre chose aussi. En tout cas, ça fumait énormément et j’avais du mal à respirer. Aiwass me disait de pas m’en faire et de pas lâcher le miroir du regard parce que des trucs intéressants s’y passaient. Et il avait fichtrement raison parce que dedans, une silhouette avec un crâne démesuré, drapée dans une cape s’y baladait. J’ai vite compris que c’était lui Aiwass. Après, il a eu un homme aux yeux noirs et perçants qui a pris sa place dans le miroir. Il portait une couronne et un sceptre. Ses yeux se sont enflammés et une sorte de rugissement hurlait Mega Therion 666, Mega Therion 666 et chaque syllabe prononcée faisait trembler les murs. Puis les yeux incandescents de l’homme sont devenus gigantesques. Ils occupaient tout le miroir. Et dans le brasier, une femme nue chevauchait un dragon à sep têtes. Elle était belle cette putain orientale. Elle portait pour seul vêtement un voile rouge. Son regard de braise s’est posé sur moi et elle m’a tendu la main. Je l’ai saisi et mon corps a commencé à gonfler puis des plaies se sont ouvertes un peu partout à sa surface. Mes blessures laissaient échapper de la lumière et j’ai retiré mon corps comme un serpent s’extrait de sa mue. Un court instant, je n’étais que lumière et j’avais accès à toutes les connaissances du monde. Tout le savoir passé et futur et tout avait un sens. Je savais pourquoi nous étions sur terre, ce qu’il y avait avant la naissance et après la mort. Je comprenais le langage des arbres et du vent. Rien ne m’échappait. Puis je me suis réveillé et j’avais perdu mon corps de lumière. J’étais à nouveau cette foutue épave couverte de vomissure et de merde et j’avais froid, si froid, mais en même temps, j’étais bien, car en moi, il restait un peu de cette lumière si brièvement entrevue. Et je savais que je n’étais pas seuls, que d’autres chez eux avaient été touchés par la lumière. Tôt ou tard cette connerie d’épidémie prendra fin, à ce moment,tous nous ressortirons. L’humanité prendra un nouveau chemin et nous, les Illuminés serons les nouveaux maîtres.

Salut, moi c’est Ignatus. J’espère que vous allez bien et qu’en cette période de confinement, vous vous faites pas trop chier. De mon côté, ça va plutôt bien parce que j’ai trouvé récemment à qui parler. Du coup, je m’ennuie moins. Les premiers jours ont été durs parce que maman avec qui j’habitais est morte au début de l’épidémie. Elle a commencé à tousser puis elle a eu du mal à respirer. Ils l’ont hospitalisée et ils ont même pas eu le temps de la brancher qu’la vieille, elle a cané.

J’ai été un peu triste mais ils m’ont dit qu’il était préférable que je n’assiste pas à l’enterrement. Du coup, j’ai pas insisté. En plus, y avait des trucs bien à la télé.

Les premiers jours, c’était le pied. Je pouvais foutre une tonne de mayo sur mes frites micro-ondables sans que la vieille, elle me cause de mon hypertension ou de mon cholestérol. Pornhub était gratos alors j’en profitais. Je pouvais me branler en paix sans me soucier que la vieille, elle se pointe dans mon dos. Avant, je devais attendre qu’elle dorme et j’étais jamais tranquille. Elle pouvait arriver d’un moment à l’autre si bien que je faisais le guet et ça me faisait grave débander. Fallait que je reprenne à zéro et c’était pénible parce qu’à mon âge, mon machin, il se lève plus aussi bien. Maintenant, je peux même foutre du porno dans le salon. Avec mon téléphone, je peux envoyer l’image sur mon écran de télévision. Ça s’appelle caster. C’est mon neveu Brandon qui m’a montré. C’est un geek comme ils disent les jeunes, il s’y connait vachement en informatique. Toutes ces poupées sur grand écran, c’était le panard. Puis leurs minous épilés m’ont vite gonflé. J’avais besoin de plus d’authenticité alors j’ai ressorti mon vieux magnétoscope et mes VHS. Quel plaisir de revoir de bonnes vieilles chattes bien poilues et pas des sexes de petite fille. Putain de génération de pédophiles ! Puis, les acteurs des années 80 avec leur gros bide et leur moustache, ils me ressemblent plus que les minets bodybuildés, tatoués et imberbes qu’on voit dans les productions actuelles. Je suis sûr qu’en vrai c’est des pédés et que seul le pognon les fait bander.

Tout ça, c’était le pied, les gars, mais voilà, une de ces putains de VHS s’est coincée dans le lecteur et plus moyen de la ressortir. Du coup, j’ai un peu ralenti la branlette et je suis passé sur Netflix, mais bon, c’est des séries pour jeunots. J’y pige que dalle et ça vaut pas Walker Texas Ranger ou Rick Hunter. Même Mac Gyver avec cet écolo de Richard Dean Anderson, c’était mieux. Pourtant à l’époque, c’était déjà un truc de tafioles. C’est pour dire.

Voilà, au bout de quelques jours, j’ai fini par me faire chier. Mais ça n’a pas duré parce qu’Aiwass est venu me parler. Au début, j’le voyais pas. J’entendais juste sa voix. C’était comme s’il parlait dans ma tête. Il me disait des trucs comme :

« Tu devrais pas manger cette saloperie, elle te bousille la santé » ou « Éteins cette télé, elle te flingue le cerveau ».

C’était un peu comme une pensée, mais j’avais l’impression qu’elles ne venaient pas de moi. Puis, j’ai commencé à l’entendre différemment, comme si ses paroles passaient par mes oreilles. Là, il causait plus pareil. Il faisait des phrases compliquées, très pompeuses un peu comme s’il débarquait d’une autre époque.

Aiwass, il arrêtait pas de me faire la morale, pire que la vieille. Puis il voulait jamais la même chose. J’y pigeais que dalle. Parfois, il m’interdisait de manger quoi que ce soit pendant plusieurs jours, tout juste si j’avais le droit de boire de l’eau. Quand je voulais me branler, j’avais l’impression qu’y m’observait et du coup, j’arrivais pas à bander, alors je laissais tomber. Il m’empêchait souvent de dormir, parfois il m’obligeait à rester assis face à un mur et à observer une tâche. Je ne devais pas la lâcher du regard. Sous aucun prétexte. Au bout de quelques minutes, mes yeux me brulaient, mais j’avais pas le droit de les fermer, pas même de cligner et mes yeux, mes putains d’yeux, ils se mettaient à chialer. Puis, sur le mur, il se formait des trucs, des trucs étranges. Parfois, je voyais des Égyptiens comme y en avait dans mes bouquins d’histoire quand j’étais mioche et d’autres peuples qu’avaient l’air encore plus anciens. Ils faisaient des trucs incompréhensibles pour honorer leurs dieux, des trucs sexuels et aussi des sacrifices humains. Après, je m’écroulais et je dormais pendant des heures, parfois des jours. Aiwass, il me faisait donc mener une espèce de vie de moine mystique et puis d’un coup quand ça lui prenait, il me demandait d’aller chercher des bouteilles dans le bar et je devais boire tout ce qu’il me disait. Il m’envoyait aussi farfouiller dans l’armoire à pharmacie et là, c’est comme s’il guidait ma main. Je commençais à prendre une boite de comprimés et ça bourdonnait dans ma tête, un peu comme dans ce jeu auquel on jouait quand on était gamin. Docteur Maboul que ça s’appelait. Il fallait opérer un pauvre bougre. Ce naze avec son nez rouge avait une bonne gueule de poivrot. Quand on touchait les bords de la plaie, le tarin s’allumait et une sonnerie retentissait. Un truc vachement désagréable se produisait, genre comme quand tu te ramasses un coup de jus. Ben là, c’était pareil. Quand j’approchais la main de certains médicaments, j’éprouvais une sensation similaire et au contraire lorsque je m’orientais vers d’autres, je sentais que c’était ce qu’il fallait que je fasse. Ainsi, je chopais les boites qu’Aiwass me désignait et quand je l’entendais plus causer, je comprenais que ça y est, j’avais tout ce qu’y m’fallait. Alors, je retournais au salon et sans réfléchir, je faisais tout ce que me dictait Aiwass. Comme écraser les comprimés jaunes et les fumer à l’aide de ma pipe en regardant le soleil se lever. À midi, manger de la viande crue dont j’avais oublié la provenance en contemplant le portrait de l’archange St Michel en train mettre une branlée au dragon. En début de soirée, je me plaçais face à l’aquarium et je picolais de la bière, du champagne, du gin, bref tout ce qui me passait sous la main… et comme Aiwass, y m’interdisait de bouger, je me pissais dessus. Je finissais avec les fringues complètement trempées, à greloter toute la soirée. Puis plus tard, au milieu de la nuit, je me tournais face à la tête de bouc empaillé. Le trophée d’un animal que mon salopard de père avait tué et dont il était si fier. Çui-là, j’ai jamais compris pourquoi ma mère l’avait gardé vu comment mon enfoiré de patrenel l’a dérouillait. Sont vraiment connes et pitoyables ces bonnes femmes. En tout cas, l’a pas volé son cancer du foie l’daron. Donc, moi face à la tronche du bouc, je me gobais des dizaines de cachetons, ceux qu’Aiwas m’indiquait. Puis, je me prosternais, j’embrassais le sol et ça me faisait bander comme un taureau. Putain, je vous raconte pas comment ma bite était dure, plus dure que quand j’avais la vingtaine. J’étais comme un animal en rut, prêt à baiser tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas. Je foutais des coups de bassin contre le sol à m’en foutre la bite en sang. Parfois, je la fourrais même dans les pots de fleurs de ma mère et je me sentais jouir dans le terreau comme dans un bon vieux trou du cul bien étroit qu’est pas lubrifié. Oh putain, ce que c’était bon. C’était tellement bon que parfois, j’en chialais. Ce connard de chat me regardait et il se planquait. L’avait sûrement peur d’être le prochain, mais sans doute qu’Aiwass avait pour lui d’autres projets. Puis je me remettais face à la fenêtre et quand le soleil se levait, je recommençais. Je me réveillais au milieu des bouteilles vides, des opercules de médicaments souillés d’excréments, de foutre et de vomissures puis je dansais en tournant sur moi-même, je célébrais la vie pensant à tous ces connards qui s’emmerdaient chez eux. Moi, je ne m’ennuyais plus.

Un soir, le chat et moi, on s’est regardé puis… plus rien. Le trou noir. Quand je me suis réveillé. Le chat était plus là et y avait un baquet rempli de sang à mes pieds. Face à moi se dressait le grand miroir hérité de ma grand-mère. Psyché, je crois qu’ils appellent ça. Je ne sais pas quelle heure il était, mais il faisait foutrement noir. Les volets étaient fermés et le moindre interstice susceptible de laisser passer la lumière obstruée par des couvertures. Tout était repeint en noir. Les murs, les meubles, la télé et même ce foutu aquarium. Je vous dis pas comment, ils devaient paniquer ces connards de poiscailles. À la puanteur de la merde, du vomi et de la pisse venait s’ajouter l’odeur chimique de la peinture. Ça me faisait méchamment tourner la tête, mais Aiwass, y disait que c’était bon pour ce que j’avais à faire. Je suppose qu’il parlait du fait de balancer régulièrement du sang sur le miroir en gueulant des formules bizarres. Devant le miroir, il y avait un truc qui cramait dans un chaudron. Ça sentait un peu comme les plumes d’un poulet qu’on passe à la flamme, sauf que c’était différent. Peut-être parce que c’était des poils et pas des plumes et un peu autre chose aussi. En tout cas, ça fumait énormément et j’avais du mal à respirer. Aiwass me disait de pas m’en faire et de pas lâcher le miroir du regard parce que des trucs intéressants s’y passaient. Et il avait fichtrement raison parce que dedans, une silhouette avec un crâne démesuré, drapée dans une cape s’y baladait. J’ai vite compris que c’était lui Aiwass. Après, il a eu un homme aux yeux noirs et perçants qui a pris sa place dans le miroir. Il portait une couronne et un sceptre. Ses yeux se sont enflammés et une sorte de rugissement hurlait Mega Therion 666, Mega Therion 666 et chaque syllabe prononcée faisait trembler les murs. Puis les yeux incandescents de l’homme sont devenus gigantesques. Ils occupaient tout le miroir. Et dans le brasier, une femme nue chevauchait un dragon à sep têtes. Elle était belle cette putain orientale. Elle portait pour seul vêtement un voile rouge. Son regard de braise s’est posé sur moi et elle m’a tendu la main. Je l’ai saisi et mon corps a commencé à gonfler puis des plaies se sont ouvertes un peu partout à sa surface. Mes blessures laissaient échapper de la lumière et j’ai retiré mon corps comme un serpent s’extrait de sa mue. Un court instant, je n’étais que lumière et j’avais accès à toutes les connaissances du monde. Tout le savoir passé et futur et tout avait un sens. Je savais pourquoi nous étions sur terre, ce qu’il y avait avant la naissance et après la mort. Je comprenais le langage des arbres et du vent. Rien ne m’échappait. Puis je me suis réveillé et j’avais perdu mon corps de lumière. J’étais à nouveau cette foutue épave couverte de vomissure et de merde et j’avais froid, si froid, mais en même temps, j’étais bien, car en moi, il restait un peu de cette lumière si brièvement entrevue. Et je savais que je n’étais pas seuls, que d’autres chez eux avaient été touchés par la lumière. Tôt ou tard cette connerie d’épidémie prendra fin, à ce moment,tous nous ressortirons. L’humanité prendra un nouveau chemin et nous, les Illuminés serons les nouveaux maîtres.

Nazteratom

Roman “Seul le soir” toujours disponible en version papier et numérique

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