À l’occasion de la sortie de mon livre en version papier, j’ai décidé de donner une petite interview. Comme on est sur internet, j’ai suivi la coutume : j’ai écrit les questions et les réponses moi-même. Mais comme chez Nazteratom, on a (juste un peu) plus d’éthique qu’ailleurs, l’interview sera menée par ma part féminine. Oui, oui, je maîtrise une technique de dissociation de mes deux polarités sexuelles qui font que je peux matérialiser ma partie féminine juste devant moi en chair et en os…si si c’est possible, je vous appendrai. L’inconvénient c’est que mon enveloppe charnelle dépourvue de ma partie féminine est un peu moins subtile et raffinée que d’ordinaire. Je vous laisse juger. C’est parti.
Part Féminine de Nazteratom : Bonjour.
Nazteratom : Waouh, t’es vachement bonne…enfin, JE suis vachement bonne en meuf !
PFDN : Et toi, dissocié de ta partie féminine, tu es un vrai animal. En principe, les gens civilisés répondent aux gens qui les ont salués !
N : C’est vrai. Excuse-moi. Bonjour.
PFDN : Pour commencer, comment doit-on t’appeler ? Nazteratom ou Laurent ?
N : Laurent. Je veux rester un mec simple.
PFDN : C’est assez convenu comme réponse.
N : Quoi ? Des millions de fans me portent déjà aux nues ?
PFDN : Non ce n’est pas ce que j’ai dit, mais peu importe. Reprenons si tu veux bien.
N : Avec plaisir.
PFDN : je parlais de l’interview.
N : Ah OK (déçu)
PFDN : Alors comment en es-tu venu à écrire un livre sur le développement personnel et la magie ?
N : Après quelques événements craignos, j’ai compris que la vie était courte et j’ai décidé d’arrêter de glander et de me lancer dans des projets plus constructifs que le visionnage compulsif de vidéo porno. À ce moment, suite à la publication du livre de David Didelot sur la collection Gore, je me suis mis à dévorer des volumes de celle-ci et j’ai décidé d’écrire un petit roman dans le même genre avec pour mètre étalon le Blood-sex de Necrorian, qui comme son nom l’indique, regorge de sexe et de sang. Une fois bien lancé dans l’écriture de mon projet, j’ai commencé à me prendre pour Victor Hugo et j’ai voulu écrire une œuvre qui révolutionnait le style, l’art, la littérature française…bref, je me suis perdu en route. J’avais clairement besoin d’une pause, car je m’enlisais totalement dans mon projet. Parallèlement, à l’écriture de mon livre, je lisais beaucoup d’ouvrages ésotériques et même si à la base, je suis une personne plutôt cartésienne et une formation scientifique, j’ai essayé de pratiquer la magie avec des rituels assez simples pour voir ce que ça donnait et comme ça s’est plutôt bien passé pour moi, j’ai adhéré au concept et j’ai essayé de comprendre le truc. La pratique de rituel et le fait d’envisager les choses sous un angle magique m’ont beaucoup apporté et j’ai eu envie de synthétiser tout cela dans un livre et en faire profiter les autres. Bien sûr, si en même temps, je pouvais générer un peu de thunes, je n’avais rien contre. En tout cas, j’ai essayé d’écrire le livre que j’aurais voulu lire quand j’ai débuté la magie.
PFDN : la couverture de ton livre et le titre font quand même bien bouquin miracle. On a l’impression que tu nous promets la lune. Si je fais ce qui est écrit dans ton bouquin, vais-je vraiment avoir la villa, la voiture de sport, le beau-mec et la pluie de billets de banque qui va avec ?
N : Pas nécessairement, mais tu seras forcément plus heureuse. L’illustration comme plein de choses dans le livre joue sur l’humour. Le livre ne se focalise pas sur la réussite matérielle même s’il peut y contribuer. On parle avant tout d’une réussite spirituelle. « Réussir sa vie grâce à la magie » t’apprend à savoir ce que tu veux et à mettre en place les actions qui te conduisent vers cet objectif. Beaucoup de gens ne savent pas ce qu’ils veulent. Ils sont des marionnettes pilotées par la société, le bourrage de crâne du système éducatif, des parents, de la publicité, de la religion…Mon livre invite le lecteur à s’interroger sur ce qu’il désire réellement. Ce que la magie peut t’apporter de plus précieux, c’est de savoir qui tu es. Une fois cette étape réalisée (bien sûr, elle ne l’est jamais vraiment, c’est un travail perpétuel), il est plus facile de savoir ce que tu désires et de développer la conviction nécessaire pour l’obtenir. Je suis d’accord avec Crowley quand il dit que la magie c’est manifester sa volonté dans le monde matériel. Il existe des individus réfractaires aux arts occultes qui n’ont jamais réalisé l’ombre d’un rituel et qui par leur détermination et leur capacité à manifester leur désir dans la réalité méritent plus le titre de mage que certains prétendus experts possédant des occultums de luxe et toute la panoplie du parfait petit sorcier, mais qui souffre de toute sorte de troubles psychiques et d’un grand poil dans la main qu’il rase parfois pour récolter 500 balles pour un retour d’affection.
PFDN : en parlant d’autres mages, appartiens-tu à un ordre initiatique, une obédience, un courant ? Fréquentes-tu d’autres personnes issues de la sphère ésotériste ?
N : Hell no ! Comme je le dis souvent : je suis un père de famille respectable. Je n’ai aucune envie de fréquenter toute sorte de barjots potentiels. Bien que j’ai rencontré un paquet de gens sympas, intelligents et plutôt équilibrés, une petite partie de l’échantillon qu’on trouve sur les réseaux sociaux est plutôt flippant. Entre le mec qui diagnostique chez son pote une possession par le diable en personne avec des manifestations dignes des effets spéciaux d’un blockbuster hollywoodien et celui qui te demande un retour d’affection exercé à l’égard d’une personne qu’il a à peine côtoyée en passant par le mec qui croit que tu peux guérir son épilepsie ou celui qui prend une de tes blagues pour une attaque occulte et qui noue son bandeau de Rambo en gueulant « Colonel Trautman, ça va chier », prêt à dégainer son lance-roquette au gros sel alors que 5 minutes avant il déconnait avec toi, il y a vraiment de quoi écrire un bouquin sur le sujet… Donc définitivement, dans la vraie vie, j’adore être entouré de gens rationnels et terre à terre, c’est mon ancrage., je me vois mal passer mon temps à discuter de prétendues attaques psychiques ou de la présence ou non d’une entité lors du rituel pratiqué la veille. Je pense que beaucoup de gens dans l’occulte perdent les pédales, car ils se montent la tête entre eux. C’est à mon sens indispensable de fréquenter des gens extérieurs à tout cela. De plus, je pense que la magie se prête bien à une pratique solitaire. La formation de groupe peut-être intéressante pour favoriser l’échange et l’apprentissage, mais peut vite conduire aux dérives que l’on observe dans les sectes ou les religions. Je suis bien dans mon coin avec mes bouquins, je les ferme quand je veux.
PFDN : donc tu n’es pas initié ?
N : Hell no ! Excuse-moi, j’aime bien dire ça. Avant que tous les excités du clavier me tombent dessus, j’ai bien conscience que ce que je vais dire est caricatural, mais je suis le genre de mec qui fonctionne au feeling et quand je ne sens pas un truc, je ne le fais pas. En plus, je suis du genre ni dieu, ni maître donc aller voir le grand maitre Jean-Mouch Ductrou pour qu’ils me disent « fous-toi à poil et je vais te révéler les secrets de l’univers », très peu pour moi. Sur les réseaux sociaux, on croise plein d’« initiés » et c’est vrai qu’à voir leur comportement, j’ai vraiment été très impressionné : ces mecs-là, ont tout compris à la vie (ironie bien appuyée). À 50 piges passées, ils en sont encore à relever les fautes d’orthographe du petit jeune un peu trop enthousiaste ou à moquer l’ignorance du neuneu de service tout ça quand ils ne sont pas occupés à véhiculer toute sorte de superstitions ou à se gargariser des compliments proférés par leurs admirateurs… donc non, je ne suis pas initié et ça me va très bien comme ça. Je ne descends pas non plus d’une longue lignée de sorciers et l’ange Béchamel n’est pas venu un matin me faire de révélation. Tu vois, je ne suis pas un mec très crédible sur la scène ésotériste et ça me va très bien comme ça. Ce n’est pas avec ma pratique de la magie que je fais bouillir la marmite, donc je me fous totalement de ma crédibilité et de ma cote de popularité. L’essentiel pour moi est de transmettre ce que je sais. À part le livre qui est à un prix plus qu’abordable en ebook, tout ce que je mets sur le site est gratuit et je ne réalise aucun travail magique. Si quelqu’un veut du poisson, je préfère lui apprendre à pêcher plutôt que lui faire croire que j’ai un plus gros filet et qu’il vaut mieux qu’il me laisse pêcher à sa place. Ma démarche n’est bien sûr pas totalement désintéressée. Le fait de transcrire à l’écrit mes connaissances me permet d’y voir plus clair et de confronter mes techniques à l’avis et à l’expérience d’autres personnes. Avoir un public m’oblige aussi à être inventif et à créer de nouvelles techniques. Et puis, les jours où je faiblis, où je ne m’en tiens pas à mes valeurs, mon livre est comme un phare dans la nuit. Je me dis « attends tu as écrit ça, tu conseilles aux gens de se comporter de telle façon, mais là, tu t’apprêtes à faire exactement le contraire », bref ça m’évite de trop m’énerver, d’envenimer ou crée des conflits, de stresser inutilement ou… de manger un camembert entier au goûter avec le pot de Nutella.
PFDN : en quoi ton livre se démarque-t-il de la concurrence ?
N : L’humour. Avant d’écrire, je me suis enlevé le balai que j’avais dans le cul ! Plus sérieusement, j’ai voulu faire quelque chose de différent de ces livres dans lesquels tu trouves des rituels surgelés et où on te laisse entendre que si tu utilises le bon encens avec la bonne couleur de bougie, en baragouinant l’incantation appropriée à l’heure planétaire adéquate, tu vas devenir riche, ou que ton pénis va s’allonger de quelques centimètres ou ton tour de poitrine va considérablement gonfler. J’ai préféré expliquer aux gens qu’avant tout, il faut bien se connaitre, savoir ce qu’on veut, le définir et mettre en place les conditions idéales à sa réalisation et qu’ensuite et seulement ENSUITE, j’insiste sur cet ordre de priorités, la magie peut aider et que cette magie sera d’autant plus efficace qu’elle sera adaptée à la personnalité du pratiquant. Nous sommes tous différents donc ça ne sert à rien de copier sur le voisin. Au contraire, ça peut vite devenir contreproductif.
PFDN : sans faire de spoiler, à la fin du livre, on a l’impression que tu laisses entendre que le rituel idéal c’est celui au cours duquel on se laisse aller à faire ce qui nous passe par la tête et que cette façon d’agir est la plus efficace.
N : les choses sont un peu plus compliquées que ça, mais l’essentiel de l’idée est là. Esprit, entité, énergie… ne sont que des spéculations, voire des superstitions. Comme je l’explique dans un article de mon blog, la seule chose dont on soit sûre lorsqu’on réalise un rituel c’est qu’on agit sur notre propre mental, le reste ne repose sur rien de concret. Vu que le rituel agit sur notre inconscient autant emprunter le chemin le plus court. Certains pratiquants aimeront effectivement se raccrocher à une pratique plus traditionnelle comme la magie cérémonielle prétendant qu’ils disposent ainsi d’un égrégore plus puissant. Je rappelle d’ailleurs que cette affirmation qu’on entend souvent ne repose sur aucune preuve. Je respecte cet avis pas de soucis, mais pour ma part, je sais que travailler avec des comics ou des mangas qui ont marqué mon enfance aura certainement plus de pouvoir évocateur sur ma psyché que de prétendus démons qui sont des divinités païennes revisitées sous le prisme chrétien. Les premiers, je les connais par cœur, j’ai vu ou lu des centaines épisodes, ils sont des compagnons de confiance, des modèles sains sur lesquels m’appuyer et des archétypes simples, les seconds apparaissent sous des jours contradictoires suivant les sources parfois avares en détail ou empreintes de superstition et d’un point de vue psychique, ça risque vite de déraper. J’ai dit démon, mais c’est la même chose avec les anges ou les divinités.
PFDN : Tu parlais de chemin le plus court, c’est pour ça que tu n’utilises pas d’outils comme une baguette, un athamé ou un pentacle ?
N : je n’utilise pas de baguette magique parce qu’avec ma tronche de binoclard, les gens auront vite fait de me surnommer Harry Potter. Sinon, quand je parle de chemin le plus court. Je veux faire un peu la même chose avec la magie que le Krav Maga ou le Jeet-kune-do avec les arts martiaux, domaine où à l’instar des arts occultes la mystification a beaucoup sévi. Les arts martiaux orientaux t’enseignaient qu’il fallait respirer comme cela, mettre ton poing en hikité pour taper fort, concentrer ton ki, faire trois tours sur toi-même… le krav et d’autres méthodes pragmatiques ont démystifié le truc en gardant des techniques simples comme frapper aux parties, mordre, utiliser un objet qui traine… ça fait moins rêver, c’est moins joli, mais si tu veux être prêt rapidement pour survivre à une agression ça marche mieux. La magie est un outil, je veux qu’il soit efficace et je n’ai pas le temps d’acheter ou de confectionner toute la panoplie du parfait petit sorcier.
PFDN : une autre chose qui frappe dans tes rituels c’est qu’il y a peu de texte.
N : tout à fait. Je suis un grand bavard dans la vie, mais dans mes rituels, j’ai tendance à peu utiliser le verbe. C’est une démarche assez instinctive que j’ai eue dès le début de ma pratique. Si on veut la rationaliser, je pense que vu qu’en magie on s’adresse prioritairement à l’inconscient, un langage trop intellectualisé peut constituer un sérieux frein. Je pense que réciter par cœur un texte ou pire le lire n’est pas un processus très efficace à moins que ce texte soit joué, chanté, scandé, rappé… pour que son message se grave plus dans l’inconscient. Dans la même idée, les mantras, des mots latins ou hébreux qu’on fait vibrer peuvent être efficaces. Je trouve que le fait d’y recourir de façon limitée augmente leur efficacité.
PFDN : et sinon tu mimes vraiment des actes sexuels avec tes meubles comme tu invites à le faire à la fin de ton livre ?
N : Joker. Je ne révèle jamais le détail de mes propres rituels. C’est une idée parmi tant d’autres, à vous de voir si elle peut vous apporter quelque chose. En tout cas, j’ai remarqué que régresser au stade animal en termes d’agressivité ou de pulsion sexuelle au cours d’un rituel est un outil puissant. Si tu veux essayer ?
PFDN : t’es vraiment un mec lourd.
N : Surtout depuis qu’on est dissocié.
PFDN : Quel impact aimerais-tu que ton livre produise sur le milieu magique ?
N : Qu’on ne voit plus le magicien comme un illuminé en toge qui baragouine des invocations entourés de talismans, mais que les gens pratiquent en jean-basket avec des lecteurs MP3, des jeux vidéos, des playlists pornos et des sex-toys ou des tenues de cosplay. Que ce soit fun et que le milieu ésotérique dissipe enfin le nuage de mystification qui l’entoure et s’enlève le balai qu’il a dans le cul.
PFDN : Qu’est-ce que tu aimerais que ton livre apporte à tes lecteurs
N : La confiance en soi, celle qui m’a manqué pendant tant d’années et que la pratique magique m’a apportée. Plus la volonté d’être heureux sans infliger du tort à autrui, un désir de vivre dans un monde où chacun s’accomplirait. Que les gens arrêtent d’attendre un salut venant de l’extérieur : gourou, messie, patron, président qu’ils deviennent maître de leur propre destin. Si chacun faisait ça, le monde ne s’en porterait que mieux. C’est beau n’est-ce pas ?
PFDN : Assez. Le mot de la fin ?
N : Tu suces ?
PFDN : N’oublie pas que je fais partie de toi. Travaille ta souplesse en intensifiant tes séances de yoga et qui sait…
N : C’est dégueulasse !
PFDN : Tu l’as cherché.
N : pas faux, mais derrière cette façade de harcèlement, sache que j’ai dissimulé un grand secret de magie, que mes lecteurs les plus aguerris auront su déchiffrer. À bon entendeur, salut.